Quel avenir pour la rédaction web à l’ère de l’IA générative ?

L’intelligence artificielle captive, passionne, interroge. Elle est le réceptacle des désirs et des fantasmes alimentés par la science-fiction depuis 50 ans — une sorte d’« effet Terminator » qui gagne en puissance à mesure que la technologie se développe. Mais elle est aussi la source d’inquiétudes, de préoccupations et de francs rejets, notamment lorsqu’elle menace de mettre plusieurs millions d’individus au chômage.

À ce titre, la profession de rédacteur web semble aujourd’hui sur la sellette, en raison de la capacité de l’IA à générer des contenus qualitatifs en quelques secondes. Pour autant, l’intelligence artificielle va-t-elle réellement « tuer » le métier ? Est-ce la fin programmée de la rédaction web telle qu’on la connaît ? Ou, au contraire, l’IA serait-elle une fenêtre ouverte sur de nouvelles opportunités ? Faisons le point.

Le succès incontestable des outils d’IA générative

Depuis le lancement public de ChatGPT en novembre 2022, l’adoption de l’intelligence artificielle a fait un pas de géant. L’outil d’OpenAI, capable de générer des réponses structurées en un clin d’œil, a ouvert la voie à un nouveau marché en pleine croissance… Y compris dans un cadre professionnel. Une étude publiée en février 2025 montre que plus de 30 % des employés interrogés se sont déjà servis d’un outil d’IA générative au travail. Principalement dans des domaines comme le support client, le marketing et l’informatique.

Mais cette adoption inspire aussi des craintes — en partie justifiées — chez les employés et les freelances. Une enquête de 2023 souligne que depuis la mise à disposition de ChatGPT, 48 % des entreprises ayant adopté l’outil ont licencié du personnel. Le marché de la rédaction web est particulièrement touché… À mesure que les services marketing confient la production de contenu à des solutions d’IA générative (ChatGPT, mais aussi Claude AI, Perplexity, etc.). Avec deux avantages considérables :

  • le résultat est jugé plutôt bon ;
  • l’utilisation de l’outil reste gratuite — du moins, pour avoir accès à des fonctionnalités de base.
Le succès incontestable des outils d’IA générative
© emerson23work – Licence Pixabay

D’après Gartner, en 2025, 30 % des messages marketing diffusés par les grandes entreprises seront générés par l’IA générative. Contre moins de 2 % en 2022. 37 % des structures l’utilisent déjà pour rédiger des contenus, selon le Global AI Adoption Index d’IBM. (Chiffres listés sur le site de la Fevad.) Avec un certain succès : pour Forbes, 74 % des entreprises ayant adopté l’IA générative enregistrent déjà des retours sur investissement substantiels, avec une augmentation moyenne des revenus de plus de 6 %, une amélioration de l’acquisition des clients, et un doublement de la productivité.

Les spécificités de la rédaction pour le web (et pourquoi les IA sont loin de faire l’affaire)

Le risque que la rédaction web passe sous pavillon IA dans les années qui viennent est donc réel. Mais est-ce une fatalité ? L’intelligence artificielle est-elle capable de faire exactement ce que fait un rédacteur web aguerri ? Rien n’est moins sûr.

L’adoption exponentielle de l’IA générative découle d’une idée reçue, selon laquelle les outils technologiques peuvent faire aussi bien, voire mieux, que les humains dans le domaine de l’écriture. En réalité, l’exercice de la rédaction pour le web est plus complexe qu’il n’y paraît. Il faut :

  • composer avec les particularités de la lecture sur un écran (confort visuel moindre, attention plus volatile, interruptions fréquentes, volonté de lire en transversal) ;
  • trouver le ton juste ;
  • savoir comment retenir l’attention du lecteur.

En outre, le rédacteur est missionné non pas pour écrire des textes impersonnels, mais pour :

  • s’exprimer à la place du dirigeant ou de l’expert ;
  • traduire la pensée et les idées de son commanditaire ;
  • se conformer à l’image de marque et aux valeurs de l’entreprise.
  • Enfin, ces contenus doivent être optimisés pour le SEO.

Et les besoins des entreprises ?

L’IA générative peut-elle produire du texte spécifique en tenant compte des besoins de l’entreprise ? La réponse est oui. Mais les LLM (large language models), aussi doués soient-ils, pèchent sur plusieurs points : ils n’ont pas d’empathie, pas d’humour. Ils ne transmettent pas d’émotions. Ils ne maîtrisent pas l’art du storytelling. Le style de l’IA est naturel, mais il est aussi uniforme. Sa production est qualitative, mais elle est aussi impersonnelle. Les textes issus de ChatGPT et consorts sont plutôt bons, mais ils se ressemblent tous.

Les spécificités de la rédaction pour le web (et pourquoi les IA sont loin de faire l’affaire)
© Mohamed_hassan – Licence Pixabay

Autre point notable : le rédacteur web ne fait pas qu’écrire, il :

  • s’inscrit dans une stratégie marketing plus globale ;
  • rédige pour une audience spécifique ;
  • s’interroge sur la manière la plus efficace de faire passer l’information ;
  • Accompagne son équipe ou son client.

Bien sûr, tout dépend de la nature du projet. Si l’objectif d’une entreprise se réduit à remplir son site web avec des milliers de contenus sans âme, le recours à l’IA générative est probablement pertinent (à condition que les moteurs de recherche ne le sanctionnent pas pour cette même raison). Mais s’il s’agit de proposer des contenus qualitatifs, uniques, originaux, créatifs et conformes à l’image de marque, l’intervention humaine reste incontournable.

Les limites de l’intelligence artificielle

Car l’IA reste… une intelligence artificielle. Une machine. Un programme informatique. Elle est donc limitée par essence. Ainsi, l’IA générative ne prend pas d’initiative : elle ne crée pas, n’invente rien. Son fonctionnement repose sur la production humaine, sur les milliards de contenus ayant servi à l’entraîner. D’une certaine manière, ce que produit l’IA n’est qu’une compilation de tout ce qu’ont créé les humains avant elle. (D’où une certaine forme d’ironie : les outils chargés d’identifier les textes rédigés par l’IA ont tendance à souligner des formulations qui ont précisément une origine humaine…)

Par ailleurs, une autre inquiétude se fait jour, liée aux ressources. Les LLM ont une consommation énergétique délirante. Chaque interaction avec une IA consomme dix fois plus d’électricité qu’une recherche classique sur un moteur. Un chercheur néerlandais a calculé que si Google utilisait l’IA pour traiter l’ensemble des recherches (9 milliards par jour actuellement), cela nécessiterait l’équivalent de la consommation annuelle de l’Irlande. C’est pourquoi la tendance est plutôt aux SLM (small language models), des IA plus petites, plus spécialisées, qui consomment aussi moins d’énergie… et dont l’autonomie est plus limitée. (À ce propos, voir cet entretien avec Luc Julia.)

Les limites de l’intelligence artificielle
© Tumisu – Licence Pixabay

Par conséquent, il y a fort à parier que la « folie IA » n’aura qu’un temps. Que nombre d’entreprises feront marche arrière quand la hausse des coûts se fera sentir. Qu’elles prendront conscience des limites de ces outils — et du manque d’enthousiasme des consommateurs confrontés à toujours plus de virtuel alors qu’ils voudraient toujours plus de relationnel. Que l’adoption de l’IA générative sera à la fois plus réfléchie, associée à des usages plus matures, et qu’elle se fera en complément des talents humains.

La rédaction web et l’IA : la technologie comme opportunité

Car, oui, la complémentarité entre l’humain et l’IA dessine la marche à suivre pour l’avenir. La rédaction web doit faire de l’IA son alliée, se reposer sur elle pour gérer des tâches chronophages et à faible valeur ajoutée. Par exemple ? Trouver des idées de sujets, former les contours d’un planning éditorial, identifier des mots-clés à travailler, générer des plans d’articles, créer des templates, relire et corriger les contenus. Ce faisant, l’IA peut libérer les rédacteurs de nombreuses contraintes et leur permettre de se focaliser sur leur cœur de métier : l’écriture stratégique, la création, la transmission d’émotions, le conseil et la planification, etc.

En ce sens, l’intelligence artificielle peut servir de source d’inspiration. Une manière de générer des squelettes pour des contenus que le rédacteur écrira ensuite dans son intégralité. Une façon de construire des modèles de pages à reproduire en grand nombre, comme des fiches produits pour un site e-commerce.

La rédaction web et l’IA : la technologie comme opportunité
© Megan_Rexazin_Conde – Licence Pixabay

Autrement dit, la place de la rédaction web dans un monde d’IA va pousser le créateur de contenu à devenir un « rédacteur augmenté », à tirer profit de la technologie pour son compte. Sans cesser d’apporter aux entreprises sa valeur ajoutée : son talent pour l’écriture et son aptitude à produire des textes que les internautes ont envie de lire.

En conclusion, l’IA ne va pas « tuer » le métier de rédacteur web. Elle aura certes un impact sur la création des contenus les plus basiques. Mais, en contrepartie, elle contribuera à valoriser les contenus créatifs et originaux, à favoriser l’expression d’une « voix humaine » dans le marketing des entreprises, et à optimiser le temps des créateurs. À condition, bien sûr, que les rédacteurs prennent part au changement et qu’ils intègrent ces outils à leurs processus.

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